mercredi 20 janvier 2016

La Dame blanche - épisode 2

Les événements qui suivent se sont produits l'année dernière, au début du mois de décembre, tandis que je me rendais au Luc, commune de Saint-Martin-de-Sanzay. Je vais les retranscrire au mieux, tels qu'ils se sont déroulés, du moins tels qu'ils me sont apparus.
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Le Luc et ses environs, carte IGN
http://geoportail.fr/url/7FcpgR

Sitôt repartis un malaise s'installa, largement amplifié par la promiscuité de l'habitacle. Quelques banalités d'usage n'y firent rien. Il faut dire que j'avais toujours la Dame blanche à l'esprit, cette préoccupation affectait désagréablement mon attitude, je le crains, et les regards aussi furtifs qu'indiscrets que je jetais à ma passagère n'aidaient pas à la mettre en confiance. A vrai dire, son visage m'intriguait, non pas qu'il fût étrange mais je craignais malgré moi d'y découvrir quelque détail incongru, surnaturel, épouvantable ; une flamme dans la pupille, des lèvres noires ou un sourire décharné. Pourtant, rien de tout cela, elle était seulement un peu trop immobile, presque figée, regardant droit devant elle. Peut-être n'osait-elle pas se tourner vers moi, peut-être était-ce moi surtout qui lui faisait peur ?
Du souvenir qu'il me reste aujourd'hui, un doute subsiste car je suis incapable de lui donner un âge précis, elle semblait plus vieille que son visage ne le disait, ce dernier ayant échappé à la rudesse que donne le temps habituellement. C'est vrai, à y repenser, elle avait un visage très doux, délicat, d'une élégance rare. En général, je ne me risque pas à donner un âge aux femmes, je me trompe trop souvent et en vexe beaucoup. Disons que son visage avait 30 ans et qu'elle en avait peut-être 60, ce sera une bonne fourchette. Le silence dans la voiture avait perduré, il devenait impossible à tenir plus longtemps. Il fallait parler.
N'y tenant plus, je lui expliquai mon trouble et la frayeur idiote qu'avait provoquée son apparition au milieu de la route. Elle rit :
- Vous croyez aux fantômes ?
- Non. Évidemment non, dis-je d'une voix ferme quoique un peu trop appuyée pour sembler naturelle.
- Vous devriez, répondit-elle, la Dame blanche existe...
Je crois que ma gorge s'étrangla soudain à cet instant.
- Mais elle na jamais tué personne, ajouta-t-elle aussitôt. La Dame blanche, c'est une fée honorée autrefois par les gaulois, ici-même. D'ailleurs le Luc lui doit son nom, "luc" signifie "forêt sacrée".

Elle disait vrai, j'ai pu le vérifier depuis. Le toponyme "luc" vient d'un latin "lucus" qui désigne traditionnellement un bois sacré dans les croyances romaines. Si le nom semble avoir été attribué à la période gallo-romaine, le culte est antérieur.



A demain pour la suite


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