vendredi 29 janvier 2016

Du virtuel au virtuose

Armau nous envoie cette photo prise dans la rue Drouyneau de Brie. On y voit tout le génie thouarsais à l’œuvre.

Une photo envoyée par Armau. Merci ;)

Tu n'as pas de boîte aux lettres et tu ne sais pas comment y remédier ?
Suffit d'en dessiner une et le tour est joué.
Le résultat est confondant, on n'y voit que du feu... sauf le facteur qui, lui, est bien embêté mais il peut toujours appuyer sur le bouton de la sonnette qui est dessiné au-dessus.

mercredi 27 janvier 2016

La Dame blanche - épisode 7



- Vous n'y croyez toujours pas... à la Dame blanche ? me demanda-t-elle.
- La légende est très belle, répondis-je, mais, je l'avoue, je m'attache à ce qui est rationnel et je ne crois pas que...

Je n'eus pas le temps de finir ma phrase qu'un oiseau coiffé d'un masque blanc, une chouette effraie en plein vol, les ailes largement déployées, frôla le pare-brise et manqua de le traverser. J'eus à peine le temps de crier Attention !, je montai sur les freins, la voiture fit une embardée, le volant me revint violemment dans les mains, une roue accrocha la berme et la voiture s'engouffra, heureusement sans mal, dans une entrée de champ. Là, reprenant mon souffle, je constatai avec effroi que le siège à côté de moi était vide ! La femme n'était plus là, elle avait tout bonnement disparu. Ce qui était impossible. J'ai fait le tour de la voiture pour la retrouver, j'ai même ouvert le coffre, la boite à gants. Je ne voulais pas croire ce que je voyais, d'ailleurs je n'y ai pas cru car la chose était impossible, je le redis. Seule explication plausible à mes yeux, j'avais été victime d'une hallucination gigantesque, la plus longue et la plus singulière qui soit.


De peur qu'on me prenne pour fou, je n'ai raconté à personne ce qui m'était arrivé ce soir-là. C'est même la première fois que j'évoque le sujet. J'ai gardé ce secret en moi, comme une honte, en espérant que, le temps passant, l'oubli viendrait calmer mon tourment. Je croyais y être parvenu quand une découverte que j'ai faite le mois dernier a tout chamboulé. Sur une vieille carte de la région, une carte de Cassini qu'on date aux environs de 1770-1790, figure à l'ouest du Luc, un village qui correspond parfaitement au hameau incendié. Non seulement cette histoire trouve là une confirmation mais encore et surtout ce hameau s'appelait Petosse !

Carte de Cassini, vers 1770-1790. Au centre, Petosse. Aujourd'hui, à cet endroit, il n'y a que des champs.
40 ans plus tard, en 1826, sur le cadastre napoléonien,
lequel répertorie pourtant chaque bâtiment, Petosse n'existe plus.

Carte IGN aujourd'hui


Petosse ? N'est-ce pas justement là que la Dame blanche voulait m'amener ?

Depuis je ressasse une question qui m'obsède et me ronge.
Je ne suis pas fou, j'en suis certain. J'arrive à trouver une explication cartésienne à presque tous les événements pourtant fantastiques qui se sont déroulés ce soir-là mais, s'il s'agissait bien d'une hallucination, comment mon cerveau avait-il pu inventer un hameau dont il ignorait jusqu'à l'existence ? Comment ? 

Je ne sais pas répondre à cette question. Ne reste que le hasard et ses coïncidences pour explication, j'y accroche désormais ma raison, elle ne tient plus qu'à cela.


- FIN -



mardi 26 janvier 2016

La Dame blanche - épisode 6

Les événements qui suivent se sont produits l'année dernière, au début du mois de décembre, tandis que je me rendais au Luc, commune de Saint-Martin-de-Sanzay. Je vais les retranscrire au mieux, tels qu'ils se sont déroulés, du moins tels qu'ils me sont apparus.

***

L'affaire se déroule au lendemain de la Révolution Française, à l'heure de l'abolition des privilèges de la Noblesse et du Clergé. Encore aujourd'hui, certains s'en souviennent et savent raconter cette histoire, m'assura ma passagère.

A l'époque de la redistribution des richesses, un paysan du Luc, plus cupide que les autres, magouilla tant et si bien qu'il se retrouva bien vite à la tête d'un grand domaine qui s'étalait à l'ouest du village. Mais ses terres frauduleusement acquises étaient couvertes d'une forêt dense qui ne lui était bonne à rien. Pourquoi ? Parce qu'elle ne lui rapportait aucune richesse sauf de rares gibiers. Il entreprit donc de raser la forêt pour y cultiver le blé. A cette fin il commença par acheter un hameau tout proche, délogeant ses habitants, et il y installa une métairie. Sitôt que les haches commencèrent leur funeste tâche, une pluie de calamités s'abattit sur le parvenu. Une tempête souffla une grange, puis la grêle ravagea les récoltes, l'été suivant ce fut une étonnante sécheresse qui n'affecta que son domaine. Tout le monde au village savait quelle était la cause de son malheur : il avait fâché la Dame blanche en voulant détruire sa forêt. Personne n'avait encore osé aller jusque là, il avait fallu l'aveuglement de la cupidité pour qu'un homme bravât la divinité.

Les choses empirèrent par la suite, on fuyait le paysan comme un pestiféré. Des servantes et des journaliers rapportaient que la métairie était hantée. On ne pouvait y dormir, des plaintes déchiraient le sommeil, de grands coups frappaient les volets, et surtout il y avait une odeur mystérieuse de faisande qui s'insinuait jusque dans les draps et imprégnaient les linges ; les laver à grandes eaux n'y suffisaient pas, l'air même semblait putréfié. Dans les jours qui suivirent, on apprit le décès du paysan, il s'était lui même donné la mort dans des conditions qu'on hésitait à évoquer, on racontait pudiquement qu'il s'était crevé les yeux avec un tison.

Les arbres se font rares désormais

Les habitants du Luc ne savaient quoi faire de cette terre désormais infestée et que nul n'osait approcher. On consulta les édiles, ceux du District, le curé de Brion également, et finalement on décida d'un commun accord qu'il fallait brûler le hameau maudit pour le purifier, on incendia également toutes les terres alentour selon la méthode du brulis. Il faudra attendre des générations avant que des hommes se hasardent à cultiver de nouveau ces terres, le temps que s'effacent les peurs. La forêt, elle, ne revint jamais.


la forêt a laissé place à la lande
A partir de cette époque, la Dame blanche se réduisit à un fantôme qui hantait la plaine et les bois, le reste avait sombré dans l'oubli. En disant cela, ma passagère semblait le regretter. C'est que les paysans ne comprenaient plus le message de la Dame Blanche, ajouta-t-elle avant de s'enflammer plus encore : "Ils ne comprennent toujours rien à la Nature, les imbéciles ! J'ai dit "les paysans", plutôt des "exploitants agricoles" comme on dit. Voilà, c'est ça, ils exploitent la Nature, ils vivent sur elle et ils continuent de penser qu'elle est à leur service. Jusqu'où ira-t-on ainsi ?".


La lande sur laquelle se dressait hier la forêt du Luc est aujourd'hui en partie vouée à la culture du maïs, rendue possible en puisant l'eau du Thouet tout proche.




Suite et fin demain.


lundi 25 janvier 2016

La Dame blanche - épisode 5

Les événements qui suivent se sont produits l'année dernière, au début du mois de décembre, tandis que je me rendais au Luc, commune de Saint-Martin-de-Sanzay. Je vais les retranscrire au mieux, tels qu'ils se sont déroulés, du moins tels qu'ils me sont apparus.

***


"Vous prendrez à droite au croisement", dit-elle avant de poursuivre son histoire. Nous avions déjà traversé Le Luc et nous étions au beau milieu de la lande qui descend vers le Thouet. L'endroit m'était peu connu et, l'obscurité aidant, j'avais du mal à m'y repérer. Je devais lui faire confiance comme elle me faisait confiance, du moins je commençais à le croire vu qu'elle parlait désormais sans s'arrêter, c'est à peine si je réussissais à l'interrompre pour lui demander une précision, un détail, une explication.

Une croix romaine à proximité du Luc

Le temps des fées prit fin, dit-elle, quand vint l'ère chrétienne, son absolutisme et ses désirs toujours plus grands d'hégémonie (elle joignit les mains et leva ironiquement les yeux au ciel). Cette religion ne laissait pas de place aux cultes païens. Les druides et les fées devinrent sorciers et sorcières. Ils étaient au mieux à honnir, au pire à mettre au bûcher. Ce fut une période noire, l'homme qui était déjà séparé de la Nature consomma définitivement la rupture, elle fut radicale : la terre et le ciel, l'âme et le corps distincts. Plus rien ne comptait que l'âme, la seule qui vaille, la seule qui pouvait sauver les hommes, le corps était vil, maléfique, livré à la concupiscence et au Prince du monde. Le malade ne se soignait plus avec les potions et les onguents d'antan, on préférait l'envoyer voir le curé et plaise à Dieu qu'il guérisse, ou non. C'était un monde triste, un monde absurde, pourtant des siècles de propagande réussirent à tourner l'esprit des hommes, ils abandonnèrent la bonne fée et se mirent à craindre plus que jamais la malfaisante Dame blanche. Sa seule apparition les effrayait tant qu'on organisait dès le lendemain des battues, la torche et le goupillon à la main.

Fritillaire pintade à La Blanche. Plante des prés humides, mal famée et associée aux sorcières. Le bulbe contient un alcaloïde puissant, l'impérialine, qui peut provoquer chez l'homme des spasmes, vomissements, hypotension. Savamment dosée, elle servait de remède à l'épilepsie mais son usage a été banni de la pharmacopée. On dit qu'un bulbe réduit en poudre suffisait à tuer un chien. 

Comme je l'ai promis, je dois reproduire fidèlement le récit de ma passagère quand bien même je ne partage pas ses opinions. Ainsi, un autre drame survint selon elle : la philosophie des Lumières et son rationalisme. Elle y voyait une régression, les hommes écartant comme fadaises tout ce que la raison ne pouvait expliquer. "Des esprits rabougris", ajouta-t-elle. L'expression me heurta quelque peu.
  


Ci-contre, extrait de L’Encyclopédie de D'Alembert et Diderot, article FANTÔME :

"On a appliqué le mot de fantôme à toutes les idées fausses qui nous impriment de la frayeur, du respect, &c. qui nous tourmentent, & qui font le malheur de notre vie : c’est la mauvaise éducation qui produit ces fantômes, c’est l’expérience & la philosophie qui les dissipent."





Un autre danger, plus sournois, allait bientôt s'abattre sur la Dame blanche et nuire encore davantage à sa réputation : l'avidité des hommes.


A suivre demain,


vendredi 22 janvier 2016

La Dame blanche - épisode 4

Les événements qui suivent se sont produits l'année dernière, au début du mois de décembre, tandis que je me rendais au Luc, commune de Saint-Martin-de-Sanzay. Je vais les retranscrire au mieux, tels qu'ils se sont déroulés, du moins tels qu'ils me sont apparus.

***
Les mois qui ont suivi j'ai parcouru la région, souvent à pied, à toute heure, toute saison, pour retrouver la fontaine de la Dame blanche qu'évoque Hugues Imbert : "La fontaine merveilleuse [...] existe encore auprès de ce village. Elle porte le nom significatif de la Blanche." Le cadastre napoléonien de 1825 en a précieusement fixé le souvenir.

Extrait du cadastre napoléonien, section K dite de la Côte.
Y figurent La Blanche, Le Coteau de la Blanche,
et plus au Nord La Petite Blanche.
Le lieu est plus inquiétant qu'enchanteur et correspond aux descriptions qu'en font les historiens. Les "lucus" étaient redoutés par les hommes à cause des divinités qui les occupaient, ils avaient préféré construire des temples à proximité pour célébrer leur culte, c'est ce que fait remarquer Hugues Imbert en mentionnant "le refuge fortifié, dont les lucs sont toujours accompagnés". Aujourd'hui, il n'y a plus vraiment de forêt autour de La Blanche mais des prés bordés d'arbres et des fossés remplis d'une eau croupie. A certains endroits, le paysage devient même marécageux.

Fossé aux abords de La Blanche.

Il ne faut pas être paranoïaque, ni cardiaque d'ailleurs, pour partir à la recherche de la fontaine de la Dame blanche. Les craquements, chuintements, sifflements provoquent des sursauts imbéciles. C'est que l'esprit, obnubilé par la légende, connote la réalité, immanquablement ; même le plus cartésien s'y laisse prendre, j'en suis la preuve. Les signes de mauvaise augure ne manquent pas pour qui veut les voir. Ici, des peupliers barrent le chemin (voir ci-dessous). L'idée de passer en dessous soulève une inquiétude. Pourtant, par défi et pour se prouver que l'on n'a pas peur, on veut y aller. Et puis soudain on réfléchit : Quelle est la probabilité pour que ces deux arbres soient tombés l'un sur l'autre ? Alors on n'est plus sûr de rien, alors on fait un pas en arrière. Ce renoncement est le premier d'une série qui fera vaciller la raison. La quête de la Dame blanche commence véritablement à cet endroit, quand les charmes inquiétants de la Nature nous pénètrent malgré nous. 





On n'y prête pas forcément attention de prime abord mais l'atmosphère de la Blanche est mortifère, les arbres sont malades ici, certains sont déjà morts, le gui est partout qui les recouvre, il dessine d'étranges portes à franchir ou à fuir.



D'étranges figures aux allures presque animales semblent nous attendre



Les souches ont des regards torves.



Quand on croit avoir découvert enfin la fontaine de la Dame Blanche, il n'y a pas lieu d'en douter ou d'activer un GPS pour vérifier l'exacte position. La fontaine s'offre comme une évidence, elle est blanche ! La photo ci-dessous ne lui rend pas justice, la faute aux reflets. Le phénomène, quoique singulier, a tout de même une explication prosaïque : le fond de l'eau est tapissé de craie argileuse, ce qui lui donne sa teinte laiteuse.





Je n'ai pas rencontré la Dame blanche aux abords de la fontaine, à mon grand regret. Cependant, en rentrant de mon périple, j'ai scruté de près les photos que j'avais prises. Celle ci-dessus m'a interpellé, je voyais dans la fontaine le visage blanc d'une femme endormie, les yeux clos. Je l'ai montrée à des amis sans leur dire de quoi il retournait afin de ne pas fausser leur jugement. Ils n'ont rien remarqué. J'en ai conclu que j'étais victime d'une illusion, j'ai essayé de m'en départir mais malheureusement, et encore aujourd'hui, je suis incapable d'y voir autre chose que le visage diaphane de la Dame blanche, mon esprit est irrémédiablement attirée par elle.



 La suite lundi...

jeudi 21 janvier 2016

La Dame blanche - épisode 3

Les événements qui suivent se sont produits l'année dernière, au début du mois de décembre, tandis que je me rendais au Luc, commune de Saint-Martin-de-Sanzay. Je vais les retranscrire au mieux, tels qu'ils se sont déroulés, du moins tels qu'ils me sont apparus.

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Une véritable fée dans le Thouarsais, une vraie de vraie,  voilà qui a aussitôt aiguisé ma curiosité et je n'ai pas eu besoin d'insister beaucoup pour que mon auto-stoppeuse impromptue m'en racontât davantage sur l'histoire de la Dame blanche, d'ailleurs elle la connaissait par cœur. Malheureusement je suis aujourd'hui incapable de me souvenir de tous les détails cependant je vais retranscrire le plus fidèlement possible ce qu'elle me dit ce soir-là. 

Donc la Dame blanche du Luc est une fée. Son existence n'a pas d'âge, sa présence parmi nous remonte à des temps immémoriaux et si elle apparaît communément sous les traits d'une femme, elle est davantage un esprit, un esprit de la Nature qui se matérialise selon son gré sous des formes diverses. Ici un animal, là une plante, une odeur ou encore un songe. La fée du Luc apparaissait surtout auprès d'une fontaine avec laquelle elle se confondait, elle était un lien entre la Nature et les hommes.

- C'est-à-dire ? objectai-je car ce genre de lieu commun me semblait par trop facile. 

Elle m'expliqua alors que, selon elle, les hommes ne comprenaient pas les forces de la Nature. De cette ignorance avait émergé une peur et un respect mêlés à l'égard de forces qui les dépassaient. Le recours au divin venait expliquer le monde. Ainsi vénéraient-ils la Dame blanche du Luc autant qu'ils la craignaient.

Cette histoire commençait à m'amuser, je me demandais même si mon hôte, qui avait de vrais dons de conteuse, n'inventait pas cette histoire de toutes pièces. Mon intuition n'était cependant pas la bonne, j'ai eu depuis une confirmation de la véracité de cette légende dans un passage de l'Histoire de Thouars, d'Hugues Imbert. Dans le chapitre consacré à l'époque anté-historique et romano-gauloise, il écrit :
"Les populations dont nous parlons avaient un bois sacré à Luc, commune de Saint-Martin-de-Sanzay. La fontaine merveilleuse, autour de laquelle l'imagination des gaulois voyait errer des fées, existe encore auprès de ce village. Elle porte le nom significatif de la Blanche. Les paysans disent qu'une dame blanche apparaît quelquefois auprès de cette source, dont les eaux ont la propriété de guérir certains maux. Le Luc Thouarsais est encore au milieu des bois. A sa proximité, du côté de Sanzay, se trouve un champ nommé la Folie (1). Dans une direction opposée, non loin de Prailles, nous croyons reconnaître le refuge fortifié (2), dont les lucs sont toujours accompagnés".

 in Histoire de Thouars, Hugues Imbert, 1870

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La suite demain... Et demain, on part à la recherche de la "fontaine merveilleuse".

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(1) Le lieu "la Folie" renvoie à l'ancien français "foillie" qui désigne un bois, littéralement une feuillée, un ensemble d'arbres.
(2) Imbert évoque peut-être ici (ou pas) la commanderie de Prailles cependant rattacher le lieu à un culte celtique reste sans fondement. Il est à noter également que Imbert fait référence à des témoignages contemporains, il semble donc que cette croyance était encore largement répandue en 1870, voire même attestée comme une réalité.   


mercredi 20 janvier 2016

La Dame blanche - épisode 2

Les événements qui suivent se sont produits l'année dernière, au début du mois de décembre, tandis que je me rendais au Luc, commune de Saint-Martin-de-Sanzay. Je vais les retranscrire au mieux, tels qu'ils se sont déroulés, du moins tels qu'ils me sont apparus.
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Le Luc et ses environs, carte IGN
http://geoportail.fr/url/7FcpgR

Sitôt repartis un malaise s'installa, largement amplifié par la promiscuité de l'habitacle. Quelques banalités d'usage n'y firent rien. Il faut dire que j'avais toujours la Dame blanche à l'esprit, cette préoccupation affectait désagréablement mon attitude, je le crains, et les regards aussi furtifs qu'indiscrets que je jetais à ma passagère n'aidaient pas à la mettre en confiance. A vrai dire, son visage m'intriguait, non pas qu'il fût étrange mais je craignais malgré moi d'y découvrir quelque détail incongru, surnaturel, épouvantable ; une flamme dans la pupille, des lèvres noires ou un sourire décharné. Pourtant, rien de tout cela, elle était seulement un peu trop immobile, presque figée, regardant droit devant elle. Peut-être n'osait-elle pas se tourner vers moi, peut-être était-ce moi surtout qui lui faisait peur ?
Du souvenir qu'il me reste aujourd'hui, un doute subsiste car je suis incapable de lui donner un âge précis, elle semblait plus vieille que son visage ne le disait, ce dernier ayant échappé à la rudesse que donne le temps habituellement. C'est vrai, à y repenser, elle avait un visage très doux, délicat, d'une élégance rare. En général, je ne me risque pas à donner un âge aux femmes, je me trompe trop souvent et en vexe beaucoup. Disons que son visage avait 30 ans et qu'elle en avait peut-être 60, ce sera une bonne fourchette. Le silence dans la voiture avait perduré, il devenait impossible à tenir plus longtemps. Il fallait parler.
N'y tenant plus, je lui expliquai mon trouble et la frayeur idiote qu'avait provoquée son apparition au milieu de la route. Elle rit :
- Vous croyez aux fantômes ?
- Non. Évidemment non, dis-je d'une voix ferme quoique un peu trop appuyée pour sembler naturelle.
- Vous devriez, répondit-elle, la Dame blanche existe...
Je crois que ma gorge s'étrangla soudain à cet instant.
- Mais elle na jamais tué personne, ajouta-t-elle aussitôt. La Dame blanche, c'est une fée honorée autrefois par les gaulois, ici-même. D'ailleurs le Luc lui doit son nom, "luc" signifie "forêt sacrée".

Elle disait vrai, j'ai pu le vérifier depuis. Le toponyme "luc" vient d'un latin "lucus" qui désigne traditionnellement un bois sacré dans les croyances romaines. Si le nom semble avoir été attribué à la période gallo-romaine, le culte est antérieur.



A demain pour la suite


mardi 19 janvier 2016

La Dame blanche - épisode 1

Les événements qui suivent se sont produits en 2014, un soir de décembre, tandis que je me rendais au Luc, commune de Saint-Martin-de-Sanzay. Je vais les retranscrire au mieux, tels qu'ils se sont déroulés, du moins tels qu'ils me sont apparus.

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Vous connaissez la route qui mène de Brion-Près-Thouet au Luc ? Elle a une singularité qui jusqu'alors m'avait toujours fait sourire, elle s'appelle "route de la Dame blanche". Ce nom résonne comme une menace et rappelle aux superstitieux des légendes farfelues où se croisent violemment des fantômes et des voitures accidentées.


Vous imaginez donc mon effroi ce soir-là quand j'ai vu apparaître dans le faisceau des phares de ma voiture une femme sur le bas-côté et qui me faisait face. Elle était épouvantablement immobile et me regardait. J'aurais dû filer sans me retourner et ne garder de cette rencontre furtive qu'une trouille au ventre. Mais voilà, je suis trop cartésien, de ceux qui ne se laissent pas berner par les élucubrations fantasmagoriques. Je me suis donc arrêté et comme par défi j'ai embrayé une marche arrière pour revenir sa hauteur. Elle s'est penchée à la fenêtre, elle m'a remercié poliment de m'être arrêté puis elle m'a demandé si je pouvais la raccompagner à Petosse. Je ne connaissais pas ce hameau, elle m'y guiderait. Tandis qu'elle entrait dans la voiture et le temps durant lequel la veilleuse a éclairé l'habitacle, j'ai pris grand soin de l'observer, elle n'avait rien de l'étrangeté d'un fantôme, elle n'était pas même habillée de blanc.

Exemple de Dame blanche, sous la forme d'un canular



La suite demain... 
Et cela n'est qu'un début, il y aura 7 épisodes.       

vendredi 15 janvier 2016

Sans rancune

Sachez-le, le commissariat de Police de Thouars tient un livre d'or à votre disposition, on y découvre quelques belles pépites : 

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Photo prise par un anonyme à remercier mille fois.
Il fallait oser écrire "A bientôt".

mardi 12 janvier 2016

La pièce manquante

Selon les historiens, l'invention du puzzle est à attribuer à John Spilsbury, un cartographe et graveur londonien qui, vers 1760, eut l'idée de découper des cartes représentant différents pays du monde et de les vendre comme moyen ludique d'apprendre la géographie.


Odieux mensonge que voilà ! Ce sont les platanes qui ont inventé les puzzles, tout le monde sait cela. Et ceux des Ursulines sont particulièrement doués en la matière.

 Argh ! Encore raté.




vendredi 8 janvier 2016

Cachotterie

Vous avez envie d'acquérir un bien disons "atypique" et idéalement placé en plein centre de Thouars, cette annonce est faite pour vous. 

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http://www.lesclesdumidi.com/annonce-immobiliere-3600847.html

On nous précise que la "cave renferme un cachot" et la suite ne va pas vraiment nous rassurer car cette maison s'avère avoir été "un lieu d'animation très convoité au siècle dernier", dixit l'annonce. Un lieu d'animation très convoité avec un cachot ?
Hum hum...
Pour la visite prévoyez une combinaison en cuir, ou mieux encore venez tout nu, l'agent immobilier vous trainera avec une laisse et saura vous initier - de force mais pour votre plaisir - aux charmes de "cette maison chargée d'histoire".


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Ceci dit, il s'agit de l'ancienne gendarmerie, avenue Victor Leclerc, à côté de Bioxygène. D'où le cachot.

mardi 5 janvier 2016

Le mystère de la cuillère

 aperçu dans un jardin, à Thouars.
Afin d'illustrer cette photo atypique - j'ignore bien ce que fait cette cuillère dans un parterre - je ne peux m'empêcher de recycler une blague éculée, apprise dans la cour de l'école primaire. D'avance, toutes mes excuses. 
Un homme demande à son voisin :
- Pourquoi tu plantes des fourchettes dans ton jardin ?
- C'est pour éloigner les girafes.
- Les girafes ? Mais il n'y a pas de girafes par chez nous. 
- Forcément puisque j'ai planté des fourchettes.


 
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