Ceux qui ont connu une fermeture d'usine savent l'épreuve qu'elle représente, les longs mois de négociation, la pression, les menaces, les colères, la fatigue, les angoisses et le sommeil qui ne vient pas. Les salariés de France-Champignon sont en plein dedans, la direction refuse de les écouter, eux qui ne demandent que cela, qui ont été patients, très patients même. Aujourd'hui ils en ont marre, depuis mardi ils sont en grève, ils bloquent l'usine pour se faire entendre enfin.
Surtout il faut comprendre contre quoi ils luttent pour mesurer le courage dont ils font preuve.
Surtout il faut comprendre contre quoi ils luttent pour mesurer le courage dont ils font preuve.
Récemment, et opportunément, Bonduelle s'est interrogé sur sa nature même, ne sachant plus si France Champignon lui était rattaché ou non - Bonduelle est pourtant actionnaire à 53 %. Drôle de crise d'identité car il n'en pas toujours été ainsi, en témoigne l'entretien réalisé pour Ouest-France en 2013 avec "Jérôme Bonduelle directeur des opérations « champignon » au
sein de Bonduelle", lequel annonçait à l'époque "France Champignon pèse 10 % de l'activité de Bonduelle (O-F 22/10/2013). Mais en mars dernier, le groupe refusait d'envoyer un représentant de Bonduelle aux négociations sur la fermeture de l'usine de Thouars. Ils se défilent ! Derrière cette hypocrisie de façade, en réalité, il n'y a qu'un simple calcul financier pour minimiser le coût du plan social, les règles en la matière étant moins favorables aux salariés dans le domaine agricole (France Champignon considéré comme une coopérative agricole) que dans le domaine industriel (dont relève Bonduelle). Le but de la manœuvre, détacher France Champignon du groupe Bonduelle pour mieux léser les salariés.
"Bonduelle" et ses 30 millions d'euros d'amende
Parlons gros sous. Bonduelle est prêt à mettre 6,4 millions d'euros pour le transfert technique de l'activité vers Doué-la-Fontaine mais traîne des pieds pour indemniser à leur juste valeur les salariés qui seront licenciés. J'ignore à combien se monterait le coût du plan social, 5 millions d'euros peut-être, sûrement moins même ; il faut mettre ces chiffres en rapport avec l'amende de 30 millions d'euros dont Bonduelle a dû s'acquitter l'année dernière. "L'amende de Bruxelles de 30 millions d'euros pour entente sur les prix dans le secteur des champignons à l'encontre de Bonduelle "impactera" son résultat 2013-2014, a-t-il prévenu dans un communiqué aujourd'hui. "Ce montant, bien que très significatif, ne remet pas en cause la santé financière du groupe", tient cependant à préciser le groupe agroalimentaire français." (Le Figaro, 25/06/2014)Quand il faut magouiller Bonduelle est là, quand il faut payer 30 millions, c'est pas grave, ça "ne remet pas en cause la santé financière du groupe". Mais quand il faut assumer ses responsabilités à l'égard des salariés de France Champignon, plus personne.
"Bonduelle" et ses bénéfices
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Extrait du Journal de l'actionnaire Bonduelle 2014. |
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Photo-montage satirique, paru dans La Gamelle. |
"Bonduelle" en contradiction avec ses propres valeurs
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Extrait du Journal de l'actionnaire Bonduelle 2014. |
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Extrait du Journal de l'actionnaire Bonduelle 2014. |
C'est souvent dans l'épreuve que se révèle le véritable caractère des gens. En la matière les membres de la famille Bonduelle se ridiculisent, ils passent pour de fieffés hypocrites, ce qu'ils sont bel et bien.
"Nous respectons la planète et nos engagements sociaux", disent-ils.
> Quoi ? En refusant leur responsabilité dans un plan social ?
"Notre organisation est au service du client"
> Quoi ? Avec une entente délictueuse sur les marchés ?
La charte "VegeGo! affirme encore plus son implication dans la vie locale de ses implantations"
> Quoi ? En fermant une usine ?
"Nous favorisons l'épanouissement des femmes et des hommes"
> En les licenciant ?
"Bonduelle" qui joue la montre
Les négociations ne durent pas indéfiniment, le compte à rebours est lancé : tout doit être plié avant le 19 juin. La direction de France Champignon impose son calendrier, elle refuse d'écouter les salariés, le moins possible du moins, ce qui a le don d'énerver les délégués du personnel. Depuis quand le dialogue est-il nuisible à une négociation ? Bonduelle devrait baisser les yeux de honte d'utiliser des moyens si mesquins mais ils n'en font rien, bien au contraire, les salariés auront eu le droit à des contrôles d'huissiers réguliers depuis le début du blocage de l'usine. Quand quelques-uns d'entre eux sont allés à Doué-la-Fontaine, mercredi, l'accueil a été extrêmement tendu, « il y a eu des attitudes et des propos inadmissibles, nous allons donc demander des excuses officielles lors du CCE de mardi », a indiqué Samuel Fragnet, délégué syndical CFDT (NR 16/05). Réponse cinglante de la Direction : cinq salariés, dont Samuel Fragnet, sont convoqués mardi devant le Tribunal de Grande Instance de Niort pour entrave suite au blocage des camions.
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Dessin paru dans La Gamelle. |
Voilà contre quoi luttent aujourd'hui les salariés de France Champignon,
ils luttent contre le mépris !
Soutenons-les !
C'est aussi notre combat.
La page de la CFDT-France-Champignon sur Facebook :
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