vendredi 30 janvier 2015

Goutte-à-goutte

En lisant le magazine Le Picton (n°215), on apprend tout de l'art ancestral du brûlot charentais, un étrange digestif qui nécessite une tasse spéciale, une soucoupe spéciale, et un galet spécial lui aussi. L'opération est aussi mystérieuse que magique. Dans la soucoupe on met du cognac et des pierres de sucre, dans la tasse un café froid et du cognac. On enflamme le tout, ce qui chauffe le café. Une fois fait, on pose la tasse à l'écart sur un galet de grès et on y ajoute la liqueur qui s'est formée dans la soucoupe. C'est beau, c'est magique mais qu'est-ce que c'est compliqué ! 

Photo de "L'affaire du brûlot charentais",
Le Picton , n°215 - reproduit sans autorisation préalable

Par chez nous le rituel est plus simple : on met la goutte dans un fond de café, et puis c'est marre ! Surtout il ne nous viendrait pas à l'idée de brûler l’alcool, et surtout pas du cognac. On préfère utiliser une eau-de-vie locale dont le titrage est tout à fait approximatif mais forcément très élevé car en buvant la goutte, il n'est pas rare d'en voir certains plisser les yeux, toussoter ou pleurer avant d'assurer dans un souffle enroué : "Elle est bonne la prune" - ce que d'aucun apprécie comme un gage de qualité. Les vieux en rient de bon cœur et ils ne manquent jamais d'ajouter d'un ton railleur : "Alors les jeunes ? C'est pas du whisky ça !"

Quant à savoir si le digeo a vraiment des vertus digestives, les médecins vous diront tous que c'est un mythe, l'alcool et la digestion n'ont jamais fait bon ménage. Mais c'est un mythe qu'on entretient malgré tout, parce qu'il nous fait bien plaisir. A ce propos un oncle facétieux et qui ne manquait jamais une occasion de rire un bon coup gardait toujours dans sa cuisine, presque à portée de main, une fillette d'eau-de-vie qu'il avait baptisée son "goutte-à-goutte" ; et il vécut heureux - est-ce vraiment une coïncidence ?

Le "goutte-à-goutte" du tonton.

mercredi 28 janvier 2015

Le "Néomic"

On ne va pas tourner trop longtemps autour du pot, il n'existe que trois raisons pour s'intéresser à un numéro de Semaine du Monde daté de 1955. Soit on est coincé dans la salle d'attente de son dentiste depuis plus de quarante ans, soit on voue un véritable culte à Gisèle Pascal et Raymond Pellegrin, le nouveau couple heureux du cinéma français, soit enfin, on y parle de Thouars. Bon... on y parle de Thouars. Et plus précisément de Georges Ragot, riverain de la rue Voltaire et inventeur du "Néomic", une eau miraculeuse tout droit venue de son puits et qui guérissait les maladies de peau, rendait la jeunesse, la beauté etc.

Le secret, l'eau du puits était "radioactive". Il suffisait ensuite de laisser le magnétiseur opérer quelques manœuvres savantes, et le tour était joué : le Néomic était prêt... à être vendu. C'est là que le bât a blessé ; à l'autre bout de la France, une bande d'escrocs avait décidé de revendre le Néomic à prix d'or, ainsi Georges Ragot s'est retrouvé malgré lui plongé au cœur d'un fait divers qui défraya la chronique et qui méritait bien une pleine page dans la presse people de l'époque. Ci-dessous, la retranscription intégrale de l'article :




GRACE AU "NEOMIC" ILS SOIGNAIENT
LES MALADES A L'ARC-EN-CIEL

Je vous coupe une mèche de cheveux !
La forte quinquagénaire, qui parle d'une voix étrangement envoûtante, n'est pas une coiffeuse : c'est une adepte du "Maître invisible", la prêtresse d'une nouvelle panacée universelle : "le Néomic".
Assis en face d'elle, le patient, impressionné, suit respectueusement les gestes pathétiques de la doctoresse du mystère. Elle s'appelle Georgette Pangaud. Hallucinée, elle étudie la touffe capillaire au pendule ou au fluide, selon l'inspiration du moment. Elle entre consciencieusement en transes. Puis, après un silence, se lève en sursaut :
-- Ça y est ! crie-t-elle. Je sens le fluide de mon grand maître qui me pénètre. Il est en moi. Et je vais lui parler.
Elle file dans une autre pièce où se tient un "dieu" vêtu d'une longue robe de mage : Edouard Bertrand pour l'état civil. Le dieu descend à la cave taper dans la réserve de "Néomic". Et Georgette Pangaud reparaît :
 -- Trois flacons bleus pour le massage de la poitrine, trois violets pour le dos, quatre mauves pour le visage, un vert et un violet pour le crâne... 
Grâce au Néomic, on doit avoir l'impression d'être soigné à l'arc-en-ciel. 

Cette scène se répétait régulièrement dans une villa luxueuse de Nice, baptisée agréablement "les Munardises". Avec Georgette Pangaud, dite "Anny" ou "Mamy", le mage-chef de laboratoire, Edouard Bertrand dit "Pierre", le personnel comprenait Elise Joubert, dite "Lise" ou "l'infirmière", les fils d'Anny et de Lise et une "croyante", Marcelle Jelinek. Elle se reproduirait encore si un céramiste, Michel G... n'avait eu, avec des cors et une timidité à guérir (par le Néomic), un ami policier : l'inspecteur Sigaut. Après avoir dépensé 25.000 francs pour le traitement complet, le céramiste en parla à l'inspecteur, l'inspecteur en parla au commissaire Hainaut, et c'est comme ça que tout le monde l'a su.

Guérison : 25.000 francs

La comédie comportait d’ailleurs d'autres scènes que celle de la mèche de cheveux. Après le premier traitement de 5.430 francs (douze flacons à 445 francs), c'était une cure d'un mois de 20 à 25.000 francs, précédant éventuellement des soins de choc donnés par Lise Joubert : "massages palpations" (200 francs), et effleurements (200 francs), sorte d'acupuncture multicolore à l'aiguille au chas enfermé dans une boulette de cire (verte pour les lombaires, bleue pour le dos, rouge pour les tempes, etc.). Si le client n'avait pas encore compris qu'il était guéri, son cas nécessitait la "Souche" et le "Toc" : tous les soirs, il devait mettre sous son lit du charbon de bois ordinaire mais imbibé de Néomic, charbon choisi le jour de la semaine favorable et à la tombée de la nuit. 

Aujourd'hui, la roue de la chance a tourné et c'est au tour des revendeurs niçois du Néomic d'en voir de toutes les couleurs.

Légende :
"THOUARS : ce n'est pas le Christ
 de Montfavet mais le Dieu du 
"Néomic" : M. Ragot. Avec l'eau
de son puits colorée, il croit avoir
trouvé le secret de la beauté"
La police est curieuse, c'est là son moindre défaut : elle ne put moins faire que remonter à la source du liquide "miraculeux" : le "Néomic" était fabriqué sans publicité ni dépositaire par le "Maître" Georges Ragot, 77, rue Voltaire, à Thouars (Deux-Sèvres). Sous l'étiquette "produit de beauté" afin d'éviter des ennuis avec l'Ordre des Médecins et des Pharmaciens. 

Le Néomic est une invention brevetée de la firme Mondou-Ragot. Le couple habite une maison modeste dont le luxe est dans le jardin : les fleurs (jacinthes, crocus, tulipes) entrent dans la fabrication du Néomic. Le bisaïeul de M. Ragot fut le premier maire du pays. Le descendant a préféré devenir sourcier et garantissait à la signature du contrat, le débit de la source à trouver ! De plus en plus convaincu des vertus de l'onde, il mit au point l'eau de beauté "Néomic" brevet S.G.D.G., se fit horticulteur-chimiste en Seine-et-Marne pour échapper au S.T.O. et, la guerre finie, accompagné de Mme Mondou, M.Ragot regagna Thouars pour y exploiter le "Néomic".

La panacée fait "toc"

Les deux pièces de son laboratoire sont interdites à la lumière. Le Néomic naît apparemment de l'eau de son puits que M.Ragot prétend radioactive et d'extraits minéraux-floraux du potager.
Son secret est dans la pureté du produit, vérifiée d'une façon magnétique : le "Néomic" est promené entre un oscillateur issu du plancher et un pendule fixé au plafond : quand une étincelle se produit entre ces deux pôles, M. Ragot entend "toc" ; le "Néomic" idéal est trouvé ! Il ne reste plus qu'à lui adjoindre des colorants à base végétale et à le mettre en bouteille.

Tous les dix jours, trois litres arrivaient de Thouars à Nice, M.Bertrand a avoué en tirer treize variétés de traitements, chacune destinée à guérir une maladie. Le "Souche", ingrédient spécial, dont la quantité variait dans le "Néomic" selon l'affection, était vendu à part. C'était une décoction de racines d'herbes. Mais le "toc" était une émanation de "l'eau-delà" si l'on peut dire.
-- Il faut que toutes les matinées soient autant que possible consacrées au "toc", nous ont recommandé Mondou-Ragot. Le "toc" est notre grande base de liaison journalière et donne leur puissance aux produits.

Pour Lise et Georgette, le "toc" n'est autre que le fluide humain et les ondes qui, par la pensée, unissent le "maître" à ses disciples.
Un litre de Néomic représente de quarante à cinquante flacons. le revenu brut de l'association niçoise s'élevait à plus de 300.000 francs par mois. Aussi, les magiciens de l'eau songeaient-ils à inonder de succursales et dépôts l'Italie, l'Allemagne, l'Angleterre, l'Amérique, l'Afrique. Déjà ils avaient ouvert une succursale à Nice, chez Mme Armitano, une ancienne cliente reconnaissante : le Néomic avait sauvé son chat.

Certes, selon le docteur Coué, le meilleur médecin du monde est la persuasion. A Nice comme à Thouars, des femmes n'ont qu'une crainte : manquer de "Néomic". Mme Thérèse D., trente-huit ans : "Je n'ai plus de rides grâce à lui ! " Mme L., ouvrière, mère de quatre enfants : "Il a supprimé ma couperose". Mlle Monique V., dix-huit ans : "Par lui, je n'ai plus d'acné". Mme H., jeune maman de cinq enfants : "Il m'a fait retrouver ma taille de jeune fille". Qui a raison : le mystère, la science, le don, la crédulité, le génie ? M.Bertrand ne répondra qu'en présence de son avocat.

A Nice, on s'interroge : "Drogue miraculeuse" ? A Thouars, on demande : "Produit de beauté" ? Mais M.Ragot méprise les cancans. Dans son jardin et sa cave multicolores, le quinquagénaire chauve et barbu réplique :
-- Les hommes ont toujours respecté les lois de Vénus.
C'est un homme qui a confiance en son étoile.  

Régine CABEY

***

mardi 27 janvier 2015

Le grand méchant Thouars

La carte de Cassini a été réalisée par César-François Cassini et son fils Jean-Dominique Cassini, entre 1756 et 1789. Elle constitue la première carte couvrant l'intégralité du royaume de France, à l'échelle 1/86 400.


Ceci nous permet de revoir Thouars telle qu'elle était au XVIIIème siècle, engoncée dans ses remparts. Au nord de la ville s'étale la guirlande des "hameaux" qui formera la commune du même nom. Les Hameaux seront ensuite intégrés aux communes de Thouars, Sainte-Verge et Sainte-Radegonde en 1885. La plupart forme encore aujourd'hui des quartiers bien identifiés, comme Vrines, Belleville, La Folie.

Ironie de l'Histoire, c'est aujourd'hui le cœur historique de la ville qui dépérit. Et après cela, il y en a qui ont encore peur du Grand Thouars. 


On peut retrouver la totalité des cartes de Cassini sur :

samedi 24 janvier 2015

Mon premier dessin

Je ne sais pas trop dessiner, et bah je dessine quand même.


Pour ceux qui voudraient en savoir davantage sur cette histoire : 


Et Hop ! Dans la Gamelle !






vendredi 23 janvier 2015

Lendemain de fête


Les fêtes ont passé, on a décroché les guirlandes.
Un constat s'impose, tout le monde n'a pas trouvé chaussure à son pied.


Certains mauvais esprits - j'en suis - se sont moqués de ces godasses peinturlurées qui décoraient la ville. Quelle erreur ! Car l'idée est géniale, c'est même ainsi que Louboutin a fait fortune. 


mercredi 21 janvier 2015

On ne naît pas fou, on le devient

Vous connaissez le "syndrome du voyageur" ?

"Le syndrome du voyageur est un trouble psychique généralement passager que rencontrent certaines personnes confrontées à certains aspects de la réalité du pays visité, par exemple l'abondance d'œuvres d'art (syndrome de Stendhal), de symboles religieux (syndrome de Jérusalem). Il est caractérisé par un certain nombre de symptômes psychiatriques comme des états délirants aigus, des hallucinations, un sentiment de persécution (conviction délirante d’être victime de préjudices, d’agressions, de l’hostilité d’autrui), une déréalisation, une dépersonnalisation, de l'anxiété, et également des troubles à expression corporelle comme des vertiges, une tachycardie, des sueurs, etc."
(d'après wikipedia)
Thouars produit le même effet, qu'on appelle le "syndrome de Thouars". Le point de départ se situe place Saint Laon, lorsque le touriste se trouve confronté au panneau suivant :


Si par malheur il suit la direction "Prairie des Ursulines de psychiatrie", il est foutu - désorientation. Une fois arrivé, il cherchera en vain l'unité de psychiatrie. Mettez-vous deux secondes à la place de ce touriste. Décontenancé et un peu hagard, vous finissez par accoster un des jeunes qui traînent là, allongés sur l'herbe :

- Bonjour, vous pourriez me dire où se trouve l'asile de fous, je ne le vois pas ?

Le jeune pouffe de rire - c'est dans sa nature - puis il répond :

- Bah, c'est pas là, c'est à côté de Jean-Rostand.
- Ah non, rétorquez-vous, c'est ici, les "Ursulines de psychiatrie", j'en suis sûr, c'était écrit.

Le jeune re-pouffe de rire. Vous insistez car vous n'êtes pas fou, vous avez suivi le panneau :

- Le panneau ! hurlez-vous, j'ai suivi le panneau !
- Ah non, désolé monsieur, c'est pas les fous ici, rajoute le jeune, un brin narquois.
 
Vous pensez qu'il se moque de vous et vous persistez, vous vous énervez, votre rythme cardiaque augmente - tachycardie -, vous transpirez - sueur -. Vous voyez le jeune homme prendre son téléphone et appeler on-ne sait-qui ; en plus il se retourne pour ne pas que vous le voyiez, alors distinctement vous percevez dans la conversation qu'il parle d'un type à moitié fou, vous le prenez pour vous - sentiment de persécution -, vous partez en courant.

Quelques minutes plus tard, vous voyez venir à vous des hommes en blouses blanches, vous vous débattez en hurlant - "Je ne suis pas fou !" - mais c'est trop tard, on ne vous croît pas. On vous conduit alors aux Trois-Piliers et vous continuez de hurler dans l'ambulance : "Mais ce n'est pas là-bas la psychiatrie, je vous jure, c'est à la prairie des Ursulines, j'ai vu le panneau !" Vous aggravez votre cas - déréalisation, hallucinations. Le soir même, vous serez interné.

CONCLUSION : Il faut absolument conserver notre service de psychiatrie à Thouars, on a de quoi le remplir.

lundi 19 janvier 2015

"JE SUIS UNE NOUILLE"

Une semaine après la vague d'inscriptions racistes qui a couvert la ville de Thouars d'une haine absurde, revenons sur un élément trop peu analysé et même ignoré par la Presse bien pensante. Certes le sujet est sensible mais il nous faut l'aborder tout de même. Pas de tabou au Café de la Ville !

Parmi les lieux ciblés, un restaurant de la rue Porte de Paris spécialisé dans les pâtes. 


Pourquoi s'en prendre aux nouilles ?

Il s'avère que certains groupes d’extrême-droite accusent les pâtes alimentaires de ne pas être de "pure souche française", elles seraient donc selon eux inconciliables avec le régime alimentaire qu'ils prônent : chou de Bruxelles et coq gaulois pour tout le monde. Comme souvent chez les extrémistes, leur argumentaire part d'un fait vrai qu'ils détournent ensuite pour promouvoir une idéologie de haine. La première recette de pâtes connue nous vient en effet de Mésopotamie et date de 1700 ans av. J.-C., puis on en retrouve des traces en Italie dès le Ier siècle av. J.-C. En France, on doit leur popularisation à Catherine de Médicis, au XVIème siècle. Puis les pâtes ont progressivement été adoptées par les populations locales, au point qu'il paraît aujourd'hui invraisemblable de s'en passer.

Cependant certains considèrent que les nouilles n'ont rien à faire là et qu'elles sont "intrinsèquement dangereuses", pire encore elles mettraient en péril la civilisation. On peut s'ébouillanter en les faisant cuire, affirment-ils. Ils considèrent également les farfalles comme des armes de catégorie 4 et les suspectent d'être des étoiles de ninjas déguisées (ndla: selon eux, les chinois sont partout). Enfin ils relatent qu'au Trucménistan, on fouette les prisonniers avec des spaghettis et on lapide à coup de gnocchis.


En découvrant sur ses murs des tags insultants, la population thouarsaise a spontanément manifesté sa sympathie à l'égard des victimes en reprenant à son compte le slogan "Je suis une nouille" que l'on voit désormais fleurir aux quatre coins de la ville. Une riveraine de la rue Porte de Paris témoigne de sa stupeur : "En voyant Thouars associé à la haine des pâtes au JT de France 2, j'ai eu honte. Je suis scandalisée." L'affaire faisant grand bruit, jusque dans les Ministères, Manuel Valls a assuré son plein soutien à la filière des pâtes alimentaires en déclarant dans un discours resté mémorable : "La France sans les macaronis ne serait plus la France".


La piste des intolérants au gluten. 

Les deux suspects interpellés en début de semaine dernière, s'ils reconnaissent bien les faits, n'ont toujours pas expliqué d'où provient leur haine. On ne sait donc pas avec certitude comment ils ont été endoctrinés : se sont-ils radicalisés seuls en regardant des vidéos de petits salés aux lentilles sur Internet ? Répètent-ils docilement la tambouille servie par leurs parents ? Ou bien ont-ils été embrigadés par des recruteurs anti-nouilles ? Un temps soupçonné par les enquêteurs, l'AFDIAG (Association Française Des Intolérants Au Gluten) a opposé un vif démenti en condamnant ces actes odieux et en rappelant que malgré des pratiques culinaires différentes, les intolérants au gluten vivent en bonne entente avec les mangeurs de blé.


D'autres commerces menacés ?

Par précaution la Police a renforcé ses patrouilles autour de La Pataterie. La patate étant originaire d'Amérique du Sud, on ne sait jamais. Il existe en effet une mouvance identitaire qui cultive à la fois des lentilles et la haine des pommes de terre, leurs adeptes en appelant à réduire les patates en purée. Ce groupuscule est bien connu des services de Police, un expert de l'anti-terrorisme légumineux nous livre son analyse :

"La mécanique de l'extrémisme est très simple à comprendre : c'est un système pervers d'amour-haine. L'extrémiste, quel qu'il soit, a un problème de confiance en lui : il a besoin de haïr l'autre pour s'aimer lui-même. Malheureusement, en excluant l'autre, il ne fait qu'amplifier le phénomène, il se referme sur lui, en ressent un malaise, puis il devient aigri, paranoïaque et enfin méchant à l'égard d'autrui. Ce syndrome qui touche à des degrés divers environ 20% de la population française est connu sous le nom de manichéisme. A l'Institut d’Étude des Haines Légumineuses nous avons mis en place un test rapide afin de prévenir le risque extrémiste chez les adolescents, il tient en une question :



Pour aimer ce que tu es, as-tu besoin
de détester ce que tu n'es pas ?




vendredi 16 janvier 2015

Pirouette, cacahouète



En théorie, dans le tombeau des La Trémoïlle qui jouxte la chapelle du château, les corps se reposent paisiblement. 


A l'intérieur, on a quand même prévu un chauffage d'appoint parce que la mort c'est bien, mais ça caille un peu tout de même. Et puis en cas de résurrection, sait-on jamais, ce ne serait pas bien malin de se retrouver avec un corps tout engourdi, trébucher maladroitement et se casser le bout du nez, et se casser le bout du nez.


mercredi 14 janvier 2015

Le secret des halles

Il aura fallu toute la sagacité d'un garçon de 7 ans pour repérer qu'il y a, caché dans le clocheton des halles, un monsieur avec des lunettes et un grand chapeau. Ce n'est pas un adulte qui l'aurait découvert. Bravo Antonin !

Planche tirée de l'album "Thouars... à colorier", 2,10 € seulement.
 

mardi 13 janvier 2015

Pourquoi j'aime bien les caricaturistes

Je ne suis pas un adorateur de Charlie Hebdo, trop pipi-caca-bite-couilles-nichons à mon goût. Pourtant je le lis de temps en temps parce que j'aime bien leur esprit rabelaisien.

Les caricaturistes savent aller loin, ils savent nous emmener au-delà de nous-mêmes, ils savent nous faire rire même quand on n'a pas envie de rire. Comme ça :

dessin de Berth à paraître dans "Siné mensuel" demain.
Achetez Charlie Hebdo, achetez Siné aussi, c'est pas mal non plus.
  

« Mieulx est de ris que de larmes escripre,
Pour ce que rire est le propre de l'homme. »

— Rabelais, Gargantua

Paroles de thouarsais - épisode 3

Il y a dix ans, l'ethnologue Aurélie Melin a mené une enquête sur Thouars. Il s'agissait non pas de décrire la ville telle qu'elle est mais telle qu'elle est perçue par les thouarsais et les autres.

Il faut imaginer une étudiante venue de Poitiers tenter de comprendre ce qu'est "Thouars". Pour ce faire elle a recueilli des témoignages forcément subjectifs, voire carrément folkloriques ; la réalité en ressort toute tordue et pourtant bel et bien reconnaissable : c'est comme ça Thouars, c'est un esprit particulier et des histoires qu'on aime se raconter sans vraiment chercher à respecter la vérité. Elle a dû bien s'amuser Aurélie Melin dans ses pérégrinations thouarsaises.    

Aujourd'hui, les "cercles" ! Objets tout à fait mystérieux pour notre ethnologue qui semblait ne pas en savoir grand'chose avant son expérience en thouarsais :

[...] Il y aurait lieu aussi de s'arrêter sur le Pied de biche, qui est l'appellation d'un cercle privé « d'obédience masculine ». Il est situé dans le quartier du musée municipal dont notre interlocutrice du moment ne connaît que la plaque apposée sur le seuil de leur local et qui représente, semble-t-il, un pied de biche, alors que plus tôt, nous avait été évoquée l'enseigne Patte de bœuf (sic). Mais elle-même, comme d'autres ne savaient pratiquement rien, semble-t-il, à propos de ces fameux cercles sur l'existence desquels nous insistons un peu, dans l'espoir d'une confirmation étayée ou d'une dénégation ferme et motivée.

[...]

La réputation du cercle de la rue Marie-de-la-Tour-d'Auvergne arrive jusque dans la presse locale. Bien entendu au travers de leurs animations, mais aussi pour des activités informelles pour lesquelles ils n'ont pas à être spécialement cités. Ainsi, un court article décrivant un canular fait à un commerçant lors d'un Premier avril proposait d'aller trouver les responsables à tel endroit. Pour cela il faut déjà connaître l'adresse du cercle, la rue en question n'étant qu'assez peu fréquentée, en dépit de la proximité du Musée Henri Barré.

Plus tard, une rencontre opportune nous permet de toucher de plus près au milieu des cercles. Nous trouvons une ouverture au Pied de Biche. Une femme ne peut y entrer sans être accompagnée d'un des sociétaires, aussi, notre accompagnateur, qui devait renouveler sa carte de membre, se proposa-t-il de nous emmener, à la condition expresse d'accepter de boire un verre de blanc ou de rosé, c'est-à-dire de trinquer avec eux, convivialité oblige ! ajoutant non sans fierté :

« Puis, je suis membre de la plus vieille société thouarsaise. »

Comme l'était avant lui son grand-père qui l'emmenait, dés l'âge de sept ans, sur les terrains de jeux du cercle. Aussi nous expliquera-t-il sans détours ce qu'est un cercle avec pour exemple le Pied de Biche :

« C'est, on peut le dire, une société d'alcooliques anonymes (sic!, sic !). Le Pied de Biche date de ... 1796, je suis pas sûr. C'est une ancienne union fraternelle, d'entraide qui fonctionnait un peu comme une [???] Je pense qu'elle était le cercle externe d'une structure maçonnique thouarsaise, puisque le Thouarsais a eu des loges maçonniques très importantes jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, voilà donc, c'est sans doute ces sociétés du Thouarsais. Maintenant, c'est beaucoup de chasseurs et de gens qui aiment bien boire, avec un certain âge aussi. Mais là, il y a un renouvellement beaucoup plus clair que dans toutes les autres sociétés. C'est marrant, la tradition de boire un coup se maintient bien ! Donc il y a des jeunes ... enfin je m'entends, j'ai quarante ans je me considère comme jeune. Il y a une forte population d'anciens bien sûr [...] Je crois qu'il y a sept cents membres. Actifs, il doit y en avoir trois cents (sic !) »


En réalité, le Cercle de l'Union, dit aussi le Pied de Biche, existe depuis 1839, et, nous dira le trésorier de la société, le fondateur était compagnon-charpentier. Et il s'y boit, selon lui, sept mille litres de vins blanc et rosé par an, pour seulement cent soixante membres (sic !).


D'autres cercles existent sur Thouars, notamment deux autres, voire trois : La Résistance, et La Joyeuse, ou encore, le Foyer laïc. Il arrive que des habitants soient sociétaires de plusieurs sociétés, l'important étant d'apprécier la convivialité locale et d'y apporter sa chaleur et son énergie vitale. Cependant, ces cercles n'échappent pas aux catégories et clivages sociaux. Aussi, notre cicérone ne manqua-t-il pas, en sage mentor, de nous prévenir, en cas d'une trop grande curiosité de notre part :

« Mais, on va jamais là-bas ! Ce sont des patrons, sont plus élevés que nous. »

 in Approche ethnographique de la ville de Thouars, Aurélie Melin, 2004  




lundi 12 janvier 2015

Où est Charlie ?

 

Partout !



 

vendredi 9 janvier 2015

Appel à rassemblement ce vendredi 9 janvier 2015 à 17h30, place Lavault à Thouars.


Ci-dessous, je reprends le texte écrit par Balthazar sur son blog ; il a trouvé les mots justes, les mots dont on a besoin.
A tout à l'heure !

 
http://sapristi-balthazar.blogspot.fr/2015/01/tout-change-depuis-le-7-janvier-2015.html

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Appel à rassemblement ce vendredi 9 janvier 2015 à 17h30, place Lavault à Thouars.

A l’initiative des démocrates de tout poil et toute plume. En solidarité aux victimes du 7 janvier et pour la défense de la liberté d'expression.  

Voici ce qu'on pourrait entendre ce soir :



Nous sommes bêtes et méchants.
Oui ! Bêtes et méchants.

Sinon, nous ne serions pas ici.
Nous croyons en trois idées simples,  et nous sommes prêts à les défendre :
_ la liberté d'expression.
_ La laïcité.
_ La démocratie.

Ce n'est pas grand chose, mais c'est considérable.
Ce n'est pas grand chose mais pour cela on risque désormais sa vie... Et pour cela ils sont morts :

- Frédéric Boisseau, agent d’entretien

Deux policiers :
  • Franck Brinsolaro, brigadier au service protection
  • - Ahmed Merabet, policier du 11e arrondissement

Et :

- Elsa Cayat, psychanalyste et chroniqueuse

- Bernard Maris, économiste

- Mustapha Ourad, correcteur

- Michel Renaud, fondateur du festival Rendez-vous du carnet de Voyage

Et les caricaturistes :



- Cabu

- Charb

- Philippe Honoré

- Tignous


- Wolinski


Notre présence ici, notre colère, notre dégoût démontrent que les agresseurs ont perdu.

Notre présence rend active et vivante l'impertinence, l'irrespect, l'insolence.
Ils sont morts en combattant.
Et nous sommes là pour résister, pour faire en sorte qu'ils ne soient pas morts sans raison.

Résister, ici, à Thouars ! Ce mot doit avoir une résonance singulière. Résister c'est combattre le fascisme sous ses formes les plus perfides qu'elles soient politiques ou religieuses.

C'est ici même sur la place Lavault, à Thouars, que des gosses le 28 mars 1941 sont venus décrocher, une nuit, le drapeau nazi. Ce n'était rien qu'un geste absurde et fou. Mais il reste aujourd'hui encore dans nos mémoires, si beau, si noble.
Les victimes de « Charlie Hebdo » aussi sont au même titre absurdes, nobles et belles.
Et ce soir nous sommes là pour les saluer, pour saluer les morts. Avec colère et chagrin, mais sans se résigner.
Sans se résigner, et sans avoir peur !

Imaginez que ce soir, au lieu d'être tous ici réunis, nous soyons dans nos lits. Alors ils auraient gagné ceux qui ont tué.
Imaginez que ce soir, au lieu d'être tous ici réunis, nous cherchions à nous venger . Alors ils auraient gagné ceux qui ont tué.
Nous n'avons pas peur et notre colère n'est pas la leur.
Contrairement à ceux qui ont tué , nous sommes libres !
Et nous le clamons !

Si vous le souhaitez venez avec une affichette, ou tout autre expression de votre choix, un dessin, un lampion, une bouteille, ou bien rien d'autre que votre corps (et avec votre voisin-e) ce qui sera déjà très significatif.



On peut venir avec ça 

ou ça

ou ça

ou ça

ou ça
ou ça

ou ça



ou ça
ou encore mieux (mais n'oubliez pas le tire-bouchon) : 


lundi 5 janvier 2015

Le bêtisier 2014 de l'US Thouars


La démonstration du coach : 

 
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