mercredi 19 novembre 2014

Bournizeaux le prophète

Pierre Victor Jean Berthre de Bournizeaux ("Boubou" pour les intimes) est un personnage réjouissant. Il ne s'est pas contenté d'écrire une "Histoire de Thouars de 759 jusqu'en 1815" (parue en 1824), il en a aussi profité pour livrer son opinion, ce qui n'était pas un problème pour l'époque, les "historiens" d'alors étaient des chroniqueurs et on ne recherchait pas l'objectivité. Il faudra attendre quelques années pour considérer l'Histoire comme une science qu'on voulait objective, puis quelques décennies de plus pour comprendre que, non, on ne peut pas rendre compte du Passé objectivement, c'est toujours un point de vue qu'on pose sur celui-ci ; la moindre frise chronologique et son cortège de dates relève déjà d'un choix parmi la multitude des événements passés. Bref, l'Histoire objective n'existe pas, c'est une science humaine.

Parmi les traits remarquables de Bournizeaux, on remarque une détestation profonde pour la Révolution de 1789, accusée d'être "un affreux bouleversement [...] qui a pensé replonger l'Europe dans la barbarie, et faire de la France un pays sauvage peuplé de quelques hordes errantes de cannibales". Voilà qui plante le décor !

A l'époque où il écrit ces lignes, il se trouve que Thouars était en piteux état (tout parallèle avec la situation actuelle serait fortuit), heureusement Bournizeaux avait des idées pour y remédier et développer l'économie locale. Écoutons ses conseils qui se sont avérés être de véritables prophéties.

- "Diriger les courriers et les voitures publiques de Paris à La Rochelle, par le Mans, la Flèche, Saumur, Thouars, Parthenay, Niort ce qui abrègerait singulièrement le chemin.
[...]
- Enfin établir une poste aux chevaux à Thouars."

Quel grand visionnaire !

Car ces projets se sont réalisés, non pas avec des chevaux mais avec les chemins de fer et la construction de la gare dont on sait ce qu'elle apporta à Thouars en garantissant son essor pendant près d'un siècle.

Bournizeaux s'en serait sûrement réjoui... quoique s'il avait su qu'une telle révolution amènerait en ville des hordes de cheminots tous plus communistes les uns que les autres, il se serait peut-être ravisé. La peur des cannibales sûrement !

Avec les cheminots, ça rigole pas.

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