Je vous livre l'histoire extraordinaire et pourtant véritable de Doudou le chat telle que la raconte lui-même Philippe Ragueneau dans "Drôles de bêtes et drôles d'histoires", Ed. Grancher, 2002. Certains y voient une preuve de l'attachement irréfrénable des animaux pour leur maître, d'autres pensent que la domestication prive les animaux du sevrage afin que ceux-ci restent définitivement attachés à leur maître.
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Cela se passe à Thouars, dans les Deux-Sèvres. Vivaient là, en parfaite
harmonie, un vieux monsieur à la retraite et sa fille Françoise qui
escortait son crépuscule avec amour et dévouement. Vivait là aussi un
chat, Doudou, un Européen noir comme l’ébène, qui vouait à Monsieur
Sallé une véritable passion. Et le bonheur habitait la maison.
Et puis, un matin, Monsieur Sallé se réveilla très mal en point. La
Faculté diagnostiqua une maladie très grave. Il déclina rapidement et,
une nuit, il s’éteignit doucement, comme la flamme d’une bougie à bout
de course. Françoise pleura toutes les larmes de son corps et, deux jours plus
tard, elle enferma Doudou dans la maison et s’en fut conduire son père
dans le cimetière de Thouars, à l’autre bout de la ville.
Deux semaines passèrent. C’est en refermant une fenêtre malencontreusement ouverte qu’elle
s’aperçut que Doudou en avait profité pour s’évader. Elle le chercha
dans le voisinage, car il lui arrivait de fuguer, mobilisa médias et
gendarmerie et dut se rendre à l’évidence : Doudou demeurait
introuvable.
Le dimanche suivant, elle se rendit au cimetière pour déposer des fleurs
sur la tombe de son papa et là, que vit-elle ? Doudou assis sur le
marbre, immobile et squelettique…
Et cela, déjà, est stupéfiant ! Ce cimetière, il n’y était jamais allé, Doudou… Et à l’autre bout de la ville, en plus ! Cette tombe, rien ni personne ne lui avait indiqué que c’était la bonne !… Et pourtant, il ne s’était pas trompé…
Et cela, déjà, est stupéfiant ! Ce cimetière, il n’y était jamais allé, Doudou… Et à l’autre bout de la ville, en plus ! Cette tombe, rien ni personne ne lui avait indiqué que c’était la bonne !… Et pourtant, il ne s’était pas trompé…
Françoise voulut le ramener chez elle. Le chat s’y refusa énergiquement.
Alors elle rentra seule et, un peu plus tard, elle lui ramena de quoi
manger et boire. Elle tenta encore de le convaincre de la suivre, elle
le caressa, le prit dans ses bras… Peine perdue. Doudou sauta sur le
marbre froid du tombeau et s’y allongea, décidé à ne jamais quitter son
grand ami.
Des témoins alertèrent un journaliste de Thouars et la presse locale
s’empara de l’affaire. J’ai lu les articles qui furent alors publiés et
Françoise me confia une superbe photo de Doudou, assis sur la tombe de
Monsieur Sallé.
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photo meinkat.com (sa) |
Eh bien, croyez-le ou pas, pendant deux ans, Françoise vint tous les
jours au cimetière nourrir le chat. Et, une nuit d’hiver où il gelait à
pierre fendre, Doudou mourut de froid, seul dans ce grand cimetière
enneigé. Il avait enfin rejoint celui qu’il aimait jusqu’à en mourir.
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