mercredi 10 septembre 2014

Doudou le chat


Je vous livre l'histoire extraordinaire et pourtant véritable de Doudou le chat telle que la raconte lui-même Philippe Ragueneau dans "Drôles de bêtes et drôles d'histoires", Ed. Grancher, 2002. Certains y voient une preuve de l'attachement irréfrénable des animaux pour leur maître, d'autres pensent que la domestication prive les animaux du sevrage afin que ceux-ci restent définitivement attachés à leur maître. 

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Cela se passe à Thouars, dans les Deux-Sèvres. Vivaient là, en parfaite harmonie, un vieux monsieur à la retraite et sa fille Françoise qui escortait son crépuscule avec amour et dévouement. Vivait là aussi un chat, Doudou, un Européen noir comme l’ébène, qui vouait à Monsieur Sallé une véritable passion. Et le bonheur habitait la maison.

Et puis, un matin, Monsieur Sallé se réveilla très mal en point. La Faculté diagnostiqua une maladie très grave. Il déclina rapidement et, une nuit, il s’éteignit doucement, comme la flamme d’une bougie à bout de course. Françoise pleura toutes les larmes de son corps et, deux jours plus tard, elle enferma Doudou dans la maison et s’en fut conduire son père dans le cimetière de Thouars, à l’autre bout de la ville.

Deux semaines passèrent. C’est en refermant une fenêtre malencontreusement ouverte qu’elle s’aperçut que Doudou en avait profité pour s’évader. Elle le chercha dans le voisinage, car il lui arrivait de fuguer, mobilisa médias et gendarmerie et dut se rendre à l’évidence : Doudou demeurait introuvable.

Le dimanche suivant, elle se rendit au cimetière pour déposer des fleurs sur la tombe de son papa et là, que vit-elle ? Doudou assis sur le marbre, immobile et squelettique…
Et cela, déjà, est stupéfiant ! Ce cimetière, il n’y était jamais allé, Doudou… Et à l’autre bout de la ville, en plus ! Cette tombe, rien ni personne ne lui avait indiqué que c’était la bonne !… Et pourtant, il ne s’était pas trompé…

Françoise voulut le ramener chez elle. Le chat s’y refusa énergiquement. Alors elle rentra seule et, un peu plus tard, elle lui ramena de quoi manger et boire. Elle tenta encore de le convaincre de la suivre, elle le caressa, le prit dans ses bras… Peine perdue. Doudou sauta sur le marbre froid du tombeau et s’y allongea, décidé à ne jamais quitter son grand ami.

Des témoins alertèrent un journaliste de Thouars et la presse locale s’empara de l’affaire. J’ai lu les articles qui furent alors publiés et Françoise me confia une superbe photo de Doudou, assis sur la tombe de Monsieur Sallé.

photo meinkat.com (sa)
Eh bien, croyez-le ou pas, pendant deux ans, Françoise vint tous les jours au cimetière nourrir le chat. Et, une nuit d’hiver où il gelait à pierre fendre, Doudou mourut de froid, seul dans ce grand cimetière enneigé. Il avait enfin rejoint celui qu’il aimait jusqu’à en mourir.

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