On ne va pas se mentir, et je le dis sans flagornerie, un bouquin tel que
Chroniques noires à Thouars, de Philippe L'Excellent, alias Balthazar Forcalquier, on n'en voit pas passer tous les jours. Pour trouver un équivalent, il faudrait remonter à... - Oh la vache ! Je n'étais pas né, c'est dire si l’événement est d'importance.
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L'ouvrage est un peu sauvage, il a besoin de presse-livres pour bien se tenir. |
Voilà un livre plein d'exubérance, de caricatures, de drames, d'alcools, de meurtres extravagants et de joie de vivre. Du
noir - celui du titre - ça c'est pour les crimes, les intrigues, les magouilles ; du
rouge qui saigne mais surtout du
rouge qui se boit, on y trouvera aussi du
blanc, du
rosé, et du
Duhomard évidemment. Le tout forme un cocktail aussi explosif qu'un éclat de rire, lequel est toutefois coiffé d'un avertissement qui se veut des plus sérieux :
"les personnages comme les situations n'ont aucune réalité". On pouffe de rire, personne n'y croit mais on fait semblant pour préserver les apparences, car, il faut bien le dire, si rien n'est réel, tout nous ressemble quand même. Lisez plutôt :
Donc le Thouarsais est un pays de
Cocagne, mais en mieux. Cieux radieux, gens généreux. Ah oui, les gens !
Ce sont des gens simples comme le ciel radieux et généreux. Il y a
longtemps qu’ici les philosophes foireux, les amoureux du dogme, les
gens de pouvoir ont été poussés vers la sortie. « Allez donc voir, 15
km à l’ouest, en Bocage, ils ont sans doute du boulot pour vous. Si ce
n’est pas le cas prenez le cap au sud, Niort vous accueillera. Mais
gaffe à l’est, c’est Loudun, là-bas ils vous brûleront » voilà ce
qu’on leur dit avec compassion car ici nous sommes radieux et généreux.
C’est ainsi qu’ils sont partis construire leurs idées ailleurs. Bon
vent. Ici, en Thouarsais, le monde est resté sans chef. Ou alors le chef
est un con, et lui-même le sait, il est donc moins con. Forcément.
Évidemment c'est caricatural mais quand la caricature touche juste - et elle touche juste - on y perçoit des morceaux de vérités autrement inaccessibles, non pas de grandes leçons philosophiques mais des vérités simples sur des hommes qui vivent, souffrent, rient et puis pleurent aussi. Pour les plus curieux, ceux qui se demandent ce qu'il peut y avoir de véritablement véritable dans ces histoires, il fallait être la semaine dernière à la librairie Brin de lecture pour entendre l'auteur dévoiler les anecdotes qu'on retrouve derrière les traits de certains personnages, des révélations qu'on n'écrit pas noir sur blanc sur du papier mais qu'on livre comme des confidences. Pour ceux qui l'ont raté et qui déjà s'en mordent les doigts, il y a une séance de rattrapage au Forum Média du Super U, samedi prochain, de 11h à 13h, avec dédicaces et tout le tintouin.
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Chroniques noires à Thouars, Balthazar Forcalquier, Geste Édition, 13,90 €. Disponible en librairie.