Portrait de Gabrielle de Bourbon vers 1491 |
Gabrielle de Bourbon a laissé dans les mémoires, et dans les livres d'Histoire, le souvenir d'une personne parée de toutes les vertus. Imaginez plutôt, elle fut l'épouse aimante de Louis II de la Trémoille, on dit même qu'elle mourut de chagrin après avoir perdu son fils unique, Charles, mort à la bataille de Marignan en 1515. On lui doit aussi la collégiale du château qui est une sainte chapelle, Gabrielle étant une descendante de Saint Louis.
Et puis, comme elle était érudite et soucieuse d'éduquer ses contemporains aux bonnes mœurs religieuses, elle écrivit quelques ouvrages dont le Petit Traité sur les douleurs de la passion du doux Jésus et de sa benoîte mère, le Voyage spirituel entrepris par Âme dévote pour parvenir à la cité de Bon Repos, et le Fort Château pour la retraite de toutes bonnes âmes, tous trois sont des récits allégoriques destinées à l'éducation des jeunes filles.
Très vertueuse, donc. Allez, grattons un peu le vernis.
A quoi pouvait bien servir un si fier navire en 1491 ? Traverser les mers et chercher une route vers les Indes ? Défendre le royaume contre de méchants ennemis ? Non, rien de tout cela, La Gabrielle était un navire corsaire qui parcourait les côtes pour piller des navires marchands étrangers et ramener le butin ainsi récolté à Thouars. Voilà une bien pieuse mission.
On ne sait pas si ce genre d'activités assurait à l'âme dévote de sa commanditaire un accès au paradis, mais il m'est d'avis que son paradis était également bien terrestre et se comptait en pièces d'or, étoffes et pierreries.
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La Nef des fous, de Jérôme Bosh, tableau qui se trouve être daté de 1491 et qui forme comme un contraste amusant avec le précédent. |
Après dénonciation, tous les membres de l'équipage n'ayant pas reçu leur dû, il y eut un procès. Ce sont les dépositions des protagonistes qui nous informent précisément sur la rocambolesque aventure de La Gabrielle.
Pour ceux que le sujet intéresse et qui voudraient l'approfondir, on peut lire des extraits des travaux de Laurent Vissière ici.